L'héritage

Emmanuel était enseignant de karaté dans 3 clubs du Haut-Rhin : Altkirch depuis 1985, Dannemarie depuis 1998 et Saint-Louis depuis 1995. Il a formé plus de 90 ceintures noires, du 1er au 6e dan, en tant qu'instructeur fédéral depuis 1983, titulaire d'un diplôme d’État BEES 1er degré depuis 1986, puis d'un diplôme d’État DEJEPS depuis 2010. 

Il était également jury d’examen des grades dans le Haut-Rhin, et dans la zone Inter-Départementale Haut-Rhin/Bas-Rhin  depuis 1984.


Emmanuel fut compétiteur en kata et combat de 1976 à 1984 en Ligue d’Alsace, et finaliste individuel en catégorie junior puis seniors chaque année, puis juge technique de Ligue entre 1989 et 2010, et Membre de la Commission des Grades du Grand EST entre 2003 et 2013.


Le 11 janvier 2019 à Paris, Emmanuel avait réussi l’examen national du Haut-Grade de 7ème dan de karaté avec la mention « Très bien ». Il accèdait ainsi au cercle restreint des 7ème dan nationaux dont 5 seulement résident désormais en Alsace.


Outre ces activités au sein de la Fédération de Karaté, Emmanuel était également éducateur sportif pour le Pôle de diabétologie des hôpitaux d’Altkirch-Mulhouse, pour l’association des anciens coronariens, ainsi que dans un centre d’aide par le travail pour les adolescents en échec scolaire ou en désinsertion sociale.


Défenseur inlassable des valeurs morales prônées par le karaté et visant l’épanouissement des personnes à qui il enseignait, Emmanuel restait un technicien reconnu et un pédagogue apprécié dans les instances nationales du karaté. Repoussant toujours plus loin les applications pratiques du Karaté, il conservait un enthousiasme de débutant, dans sa quête de la pureté technique.

Il développait une vision éducative et éthique dans le sens où il était convaincu que le Karaté-do doit permettre à l'être humain qui le désire, d'évoluer, de se réaliser à travers un exercice physique et mental concret, parfois éprouvant, mais qui au-delà, cherche à améliorer la connaissance de soi, de son comportement et de ses relations avec autrui.


Emmanuel est décédé le 21 Mars 2023.

Les mot d'Emmanuel sur l'enseignement du karaté


Enseigner, c’est s’engager sans modération, et vouloir partager. Je n’ai jamais pu envisager le fait de donner des cours comme un simple loisir. Pour moi, il s’agit d’un engagement moral constant envers les apprenants qui vous font confiance. Il faut pouvoir être toujours présent, avoir un comportement exemplaire avec tous, pouvoir répondre à leurs questions après une séance ou avant une échéance pour eux. Le professeur doit apprendre aux élèves à apprendre par eux-mêmes, en étant curieux, ouverts d’esprit et exigeants. Il faut semer, et semer encore, en chacun la volonté de perfection, la passion du karaté tout en encourageant le ressenti personnel dans la pratique. Ce ressenti qui initiera la réflexion, qui fera qu’ils progresseront. Et quand ils voient qu’ils y arrivent, la confiance s’installe, le bien-être aussi et alors il existera plus de chance qu’ils veuillent continuer. Cependant, la technique ne doit pas rester éloignée des valeurs morales que porte le karaté. Et en enseignant, il reste nécessaire de montrer que l’on peu se transformer véritablement grâce à elles.

Avec les années, j’ai appris que la nature humaine est inconstante au regard des engagements prononcés. Que la conséquence en est que le professeur ne doit rien attendre en retour de ce qu’il donne. Des gens partent, arrêtent, changent de discipline. C’est ainsi et il faut l’accepter sans amertume ni regret. Mais quand les hasards de la vie vous donnent l’occasion de revoir ces personnes et qu’elles vous confient un « Merci pour ce que vous m’avez apporté », un « Le karaté me manque en vous voyant ; je crois que je vais revenir » ou encore un « Pardon d’avoir arrêté sans rien vous dire », je me dis que la voila la récompense du professeur et que ces agréables paroles en plus de faire plaisir, gomment bien des moments de doute.

Si j'estime avoir atteint une compétence technique correcte, je reste parfaitement conscient du chemin qu’il me reste à parcourir. Il m’est arrivé quelquefois d’être content de ce que je savais ou de ce que j’avais pu faire. Mais je n’en ai jamais été complètement satisfait. Une impression à la fois pesante et stimulante d’incomplétude me motive à mieux comprendre encore, à chercher plus loin. Je considère qu’il reste toujours un détail à affiner dans la technique, un rythme à parfaire, une présence à moi-même et à l’autre à développer. La recherche reste sans fin et les progrès possibles aussi.

Emmanuel Labouebe